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artiste Thierry Kuntzel
lieu d'exposition : Galerie [ars]numerica
 
illustration (vidéo)
capture d'écran (image)
capture d'écran (image)
capture d'écran (image)
illustration in situs (image)
   
Au fond de la pièce, très longue, une très grande image et le son qui lui est associé: la mer; plus exactement les vagues. Pas de plage, juste un filet de ciel. Les vagues, dans leur étagement: le lointain presque plat, la formation des premiers reliefs, et, en avant-plan, le déferlement. Mouvement et couleur, comme un monochrome instable, sans cesse renaissant, entre noir, bleu, gris, vert et doré (le sable happé par les rouleaux).



«Soit la couleur verte: bien sûr, le jaune et le bleu peuvent être perçus, mais, si leur perception s’évanouit à force de devenir petite, ils entrent dans un rapport différentiel qui détermine le vert. Et rien n’empêche que le jaune, ou le bleu, chacun pour son compte, ne soit déterminé par le rapport différentiel de deux couleurs qui nous échappent, ou de deux degrés de clair-obscur (...) Soit le bruit de la mer: il faut que deux vagues au moins soient petit-perçus comme naissantes et hété-rogènes pour qu’elles entrent dans un rapport capable de déterminer la perception d’une troisième, qui «excelle» sur les autres et devient consciente.» Gilles Deleuze, Le Pli.
Ce qui advient à l’image et au son entretient dans l’installation, un troublant rapport au spectateur: s’il ne détermine pas cette image et ce son, préalablement enregistrés, il est celui qui en règle, dérègle la vitesse, par sa position dans l’espace. Les vagues ralentissent au fur et à mesure de la progression vers l’écran, jusqu’à l’immobilisation en une photographie privée de son. Pas de fusion littérale avec les vagues mais lien, connivence avec elles: renouveau du sentiment océanique (illumination de la mélancolie). Dispositif, perception, retour du presque même, sac, ressac, temps impossible: The Waves est un hommage à Virginia Woolf (au livre qui porte ce titre), à son écriture, son invention du temps, sa personne - cette vie toujours au bord de la noyade (ce fut sa fin réelle), entre terreur et extase.



(ps: étrangeté d’un exercice de présentation écrite de ce qui ne tiendra, montré, que d’une absence de langage)