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artiste Scott Snibbe
lieu d'exposition : Galerie [ars]numerica
oeuvre également présentée : Boundary Functions
 
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Deep Walls est une armoire à mémoire cinématographique. Les gestuelles de ceux qui sont de face sont projetées dans chacun des 16 rectangles que compose ce dispositif. Les mouvements, mis en scène de manière continue, remplissent cette sorte d'armoire. Dans un premier temps, quand une ou plusieurs personnes effectuent des gestes dans le rectangle de projection plus grand, leur ombre subit un enregistrement invisible et une des boîtes de l'écran (celle qui affiche le mouvement d'ombre) ne reflète pas d'image. Quand l'utilisateur quitte le plan large, le film de son ombre apparaît indéfiniment sur un des tiroirs. Chaque tiroir projette un film d'ombre différent. Cette oeuvre enregistre l'espace, le classe, le range puis le projette sur un écran plat. La mémorisation de l'ombre des visiteurs permet d'affirmer la symbolique de la matière au détriment de sa signification littérale par le biais de l'organisation, la répétition et la visualisation.

D'un point de vue rythmique, le dispositif incarne la relation temporelle complexe qui existe entre les différents films projetés indéfiniment. Chaque séquence d'ombre filmée ne dure que le temps du mouvement réellement filmé. Une séquence peut durer quelques secondes ou plusieurs heures.
L'expérience de Brian Eno sur les séquences projetés de manière continue montre que la relation temporelle et musicale qui existe entre les différents écrans devient extrêmement complexe. Même s'ils projettent des gestuelles différentes, les enregistrements forment un tout unique inépuisable dans le temps chronologique.

Deep Walls est inspiré des films surréalistes de Jan Svankmajer et des frères Quays ainsi que de la sculpture de Joseph Cornell. Dans ces oeuvres citées ci-dessus, des corps aux formes réduites ainsi que des rangées d'objets placés dans des tiroirs et des meubles, représentent symboliquement l'état psychologique et spirituel intérieur. Le principe rationnel d'organisation permet seulement de révéler une irrationalité inconsciente. Le nom de cette pièce vient directement des travaux de l'architecte Christopher Alexander dans son livre intitulé "ÒPattern LanguageÓ". Selon lui, les architectes devraient toujours construire des maisons avec des murs épais afin d'y insérer les meubles, les tiroirs et les fenêtres. Cette technique de perforation de l'espace intérieur permettrait de ranger, montrer et faire glisser les éléments et donc de créer plus de sens dans le foyer. Dans l'esprit de Alexander, ce travail absorbe de manière graduelle le contenu de l'environnement dans sa surface.